Description
Les débuts de l’art
« La science de l’art doit étendre ses études à tous les peuples. »
« Toutes les civilisations, toutes les formes d’art ont un droit égal à la science. »
« On ne saurait excuser un savant qui de notre temps construit des théories sur l’art, sans savoir que l’art européen n’est pas le seul art qui existe, l’art en soi. »
Voici un essai qui, tout en fondant une anthropologie de l’art, ou plutôt « des arts » comme le montre Catherine Breniquet dans son introduction, s’élève contre l’ethnocentrisme, contre la hiérarchisation des arts… Bien plus, il proclame une reconnaissance de tous les arts chez tous les peuples, à toutes les époques et sous toutes ses formes, qui prend des allures de véritable déclaration des droits de l’homme et de l’artiste.
A partir de matériaux ethnographiques et préhistoriques, Grosse se propose de cerner l’essence de l’art du point de vue scientifique, mais fait montre en même temps d’un véritable humanisme et d’une attention au croisement des sciences humaines pour comprendre les pratiques les plus éloignées de sa culture originelle.
Salué par le musée du Quai Branly, comme « précurseur » dans le champ des arts dits primitifs, Grosse se révèle une excellente introduction à toute réflexion sur les arts actuels, car loin des cloisonnements chers à l’histoire de l’art, il donne une place aux ornements corporels, à la danse, à la poésie, aux pratiques jugées « primitives » et qui aujourd’hui renouvellent la scène artistique hors des musées et hors de l’Occident.
Collection Arts et anthropologies
Les auteurs:
Ernst Grosse (Stendal, 29/07/1862-Fribourg, 26/01/1927) reçoit une formation philosophique à l’Université de Halle ; en 1889, il devient Privatdozent en ethnologie à l’Université de Fribourg-en-Brisgau où il donne des cours sur les « arts primitifs », et intègre le conseil du musée municipal. Après la parution des Débuts de l’art (1894), traduit en anglais dès 1897 et en français en 1902, il devient professeur hors cadres et voyage en Europe. Il poursuit son œuvre dans le domaine de l’anthropologie : Die Formen der Familie und die Formen der Wirthschaft (1896), mais privilégie le domaine de l’art (Kunstwissenschaftliche Studien, 1900). Il constitue avec sa mère adoptive, Marie Meyer, et grâce à l’amitié du célèbre marchand installé à Paris Hayashi Tadamasa une remarquable collection d’objets d’art d’Extrême-Orient. Il jouera un rôle clé dans la constitution des collections asiatiques du musée de Berlin. Il se spécialise comme sinologue, donne des cours sur l’art japonais. En 1907, il séjourne en Chine et au Japon, et en 1913 épouse une Japonaise, Yasuko. L’essentiel de sa carrière est dès lors consacré à l’art asiatique : Die ostasiatische Tuschmalerei, chez B. Cassirer (1923), dédié à sa femme, connaît aussi une version française, Le Lavis en Extrême-Orient chez Crès. Raymond Kœchlin, dans ses Souvenirs d’un vieil amateur d’art d’Extrême-Orient (1930), vit en lui « un des hommes les plus raffinés » qu’il ait connus, ajoutant : « Il avait publié un admirable travail sur les Débuts de l’art quand la rencontre de Hayashi décida de sa vocation de japonisant. » Ainsi, derrière la sécheresse, traditionnellement attribuée à l’érudition allemande, se cachait un esthète passionné.
Catherine Breniquet est professeur d’Histoire de l’art et d’archéologie de l’Antiquité à l’Université Blaise-Pascal (Clermont II) depuis 2008, après avoir été maître de conférences à l’Université de Bordeaux 3 de 1997 à 2008. Membre de l’équipe d’accueil 1001, Centre d’Histoire “Espaces et Cultures”. Archéologue, spécialisée dans l’étude des premières sociétés villageoises et étatiques de Mésopotamie, elle s’attache à développer des approches anthropologiques et comparées afin de dépasser la matérialité des sources archéologiques. Elle vient de publier Essai sur le tissage en Mésopotamie, des premières communautés sédentaires au milieu du IIIe millénaire avant J.-C., de Boccard, Paris, 2008 (Travaux de la Maison René-Ginouvès, 5).